Documents du concile  VATICAN 2 :
Sainteté, martyre, culture, mission
Lumen Gentium
Gaudium et Spes
Ad Gentes
Inter Mirifica


Constitution dogmatique "Lumen Gentium" (1964)
Traduction par Jean-Marc Dufort et  Gilles Langevin S.J.,  in "Vatican II : les seize documents conciliaires", Éditions FIDES, Montréal, 1991.
 

Les laïcs (ch. IV)

[...]
Le peuple élu de Dieu  est donc un :"Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Eph. 4, 5). La dignité des membres est commune à tous par le fait de leur régénération dans le Christ; commune est la grâce des fils, commune la vocation à la perfection, unique est le salut, unique l'espérance et indivise la charité. Il n'existe donc pas d'inégalité dans le Christ et dans l'Église en raison de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe, car "il n'y a plus ni juifs ni gentil, il n'y a plus ni esclaves ni hommes libres, il n' y a plus ni hommes ni femmes: vous êtes tous un dans le Christ Jésus" (Gal. 3, 28 gr., cf. Col. 32, 11).

Si donc dans l'Église tous ne cheminent pas en suivant la même voie, tous cependant sont appelés à la sainteté et ont reçu en partage une foi du même prix par la justice de Dieu (cf. II Petr. 1, 1). Même si certains, par la volonté du Christ, sont mis à la tête des autres comme docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs, il existe cependant entre tous une véritable égalité, sur les plans de la dignité et de l'action commune, en ce qui regarde l'édification  du Corps du Christ. [...]

[...]

Les laïcs, rassemblés dans le Peuple de Dieu et constitués en Corps unique du Christ sous un seul chef, sont tous appelés, quels qu'ils soient, à contribuer comme des membres vivants et de toutes les forces qu'ils ont reçues de la bonté du Créateur et de la grâce du Rédempteur, à l'accroissement de l'Église et de son ascension continuelle dans la sainteté.
 

La vocation universelle à la sainteté dans l'Église (ch. V)

[L'appel universel à la sainteté]

Le Seigneur jésus, Maître et Modèle divin de toute perfection, a prêché cette sainteté de la vie dont lui-même est l'auteur et qu'il conduit à son achèvement, à tous et à chacun de ses disciples, quelle que soit sa condition : "Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait " (Mt. 5, 48). En effet il envoya à tous le Saint-Esprit qui les incite intérieurement à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit et toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30) et à s'aimer les uns les autres comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34; 15, 12). Les adeptes du Christ, appelés par Dieu et justifiés en Jésus-Christ non à cause de leurs œuvres, mais selon le dessein et la grâce de Dieu, sont vraiment devenus, dans le baptême de la foi, fils de Dieu et participants de la  nature divine et ont été, par conséquent, réellement sanctifiés. Ils doivent donc, avec l'aide de Dieu, maintenir et perfectionner dans leur vie cette sainteté qu'ils ont reçue. L'Apôtre les exhorte à vivre "comme il convient à des saints" (Eph. 5, 3), à se revêtir, "comme il convient à des élus de Dieu, saints et agréables, de sentiments, de miséricorde, de bonté, d'humilité, de mansuétude et de patience" (Col. 3, 12), et à recueillir les fruits de l'Esprit en vue de leur sanctification (cf. Gal. 5,22; Rom. 6, 22). Et puisque tous nous commettons bien des fautes (cf. Jac. 3, 2), nous avons continuellement besoin de la miséricorde de Dieu et devons demander chaque jour: "Remets nous nos dettes" (Mt. 6, 12).

Il est donc clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité. Au reste, par une telle sainteté il contribue à rendre plus humaine la manière de vivre dans la société terrestre elle-même. A l'acquisition de de cette perfection les fidèles emploieront leurs forces, selon la mesure du don du Christ; si bien que, suivant ses traces, devenus conformes à son image et soumis en tout à la volonté du Père, ils se consacreront de tout cœur à la gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du peuple de Dieu donnera des fruits abondants, comme la vie de tant de saints le manifeste excellemment dans l'histoire de l'Église.

[Voie et moyens de la sainteté]
[...]
Jésus, le Fils de Dieu, a manifesté sa charité en offrant sa vie pour nous: nul donc n'a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour lui et pour ses frères (cf. I Jn 3, 16; Jn 15, 13). Dès l'origine, des chrétiens ont été appelés - et toujours certains le seront - à rendre à la face de tous, et surtout des persécuteurs, ce suprême témoignage de l'amour. Aussi le martyre, où le disciple devient semblable au Maître, en acceptant volontiers la mort pour le salut du monde, où il lui devient conforme par l'effusion du sang, est-il estimé par l'Église comme une faveur du plus haut prix et la marque de la suprême charité. Et si ce privilège échoit au petit nombre, tous doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, dans les persécutions qui ne manquent jamais à l'Église.

Pareillement la sainteté de l'Église affectionne particulièrement les multiples conseils dont le Seigneur dans l'Évangile propose l'observance à ses disciples. En tête de ces conseils il faut placer le don précieux de la grâce, que le Père accorde à quelques uns (cf. Mt. 19, 11; I Cor. 7,7), de se consacrer à Dieu seul par la virginité ou le célibat, avec un cœur plus facilement intègre (cf. I Cor. 7, 32-34). Cette parfaite continence en vue du royaume des cieux, l'Église, qui en a toujours eu une très haute idée, la considère comme un signe et un stimulant de la charité et comme une source peu commune de fécondité spirituelle dans le monde. [...]

Tous les fidèles sont donc invités - et même tenus - à rechercher la sainteté et la perfection de leur état. A cette fin qu'ils s'efforcent d'orienter leurs tendances dans la voie droite, de peur que l'usage des choses de ce monde et un attachement aux richesses contraire à l'esprit de la pauvreté évangélique n'entravent chez eux la poursuite de la charité parfaite. C'est ainsi en effet que l'Apôtre nous met en garde: Ceux qui usent de ce monde ne doivent pas s'y arrêter; car lel passe, la figure de ce monde (cf. I Cor. 7, 31 gr.)
 



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L'Église en marche : son caractère eschatologique et son union avec l'Église du ciel (ch. VII)

[La communion entre l'Église du ciel et l'Église de la terre]

Ainsi, en attendant que le seigneur, escorté de tous ses Anges (cf. Mt. 25, 31), revienne dans sa gloire et que, la mort une fois détruite, toutes choses lui soient soumises (cf. I Cor. 15, 26-27), certains de ses disciples cheminent sur la terre tandis que d'autres, après cette vie, subissent la purification et que d'autres enfin, jouissant de la gloire contemplent "clairement Dieu un et trine, tel qu'il est". Tous cependant, bien qu'à des degrés divers et de façon différente, nous communions dans le même amour de Dieu et du prochain et nous chantons à notre Dieu la même hymne de gloire. En effet tous ceux qui sont du Christ, pour avoir reçu son Esprit, sont unis en une seule Église et adhèrent les uns aux autres en lui (cf. Eph. 4, 16). L'union de ceux qui sont en route avec les frères qui se sont endormis dans la paix du Christ, loin d'être rompue, se trouve au contraire renforcée par la communication des biens spirituels, selon la croyance immuable reçue dans l'Église. Du fait de leur union très intime avec le Christ, les bienheureux affermissent davantage dans la sainteté l'Église toute entière; ils ennoblissent le culte qu'elle rend à Dieu sur cette terre et contribuent de plusieurs manières à l'œuvre grandissante de son édification (cf. I Cor. 12, 12-27. En effet, une fois accueillis dans la patrie céleste et demeurant auprès du Seigneur (cf. II Cor. 5, 8), par Lui, avec Lui et en Lui ils ne cessent d'intercéder pour nous auprès du Père, d'offrir les mérites qu'ils ont acquis sur cette terre grâce au Christ Jésus, unique Médiateur entre Dieu et les hommes (cf. I Tim. 2, 5), en servant le Seigneur en toute chose et en achevant ce qui manque aux  tribulations du Christ dans leur chair en faveur de son Corps qui est l'Église (cf. Col. 1, 24). C'est donc une aide très appréciable que leur fraternelle sollicitude apporte à notre faiblesse.
 
 

[Les rapports de l'Église de la terre avec celle du ciel]

Consciente de cette communion qui unit tous les membres du Corps mystique du Christ, l'Église en marche vers Dieu a honoré avec une grande piété la mémoire des défunts, et cela dès les premiers siècles de l'ère chrétienne; et "puisqu'il est saint et salutaire de prier pour les défunts afin qu'il soient absous de leurs péchés" (II Macc. , ), elle a même offert pour eux des suffrages. Que les apôtres et les martyrs du Christ, qui par l'effusion de leur sang ont donné le témoignage suprême de la foi et de la charité, nous soient plus étroitement unis dans le Christ, l'Église l'a toujours cru; elle les a vénérés avec une ferveur particulière en même temps que la bienheureuse Vierge Marie et les saint Anges, et elle a pieusement imploré le secours de leur intercession.. Très tôt elle leur associa d'autres hommes qui avaient de plus près imité la virginité et la pauvreté du Christ, et finalement tous ceux que leur remarquable exercice des vertus chrétiennes et les charismes divins recommandaient à  la pieuse dévotion et à l'imitation des fidèles.

Lors donc que nous considérons la vie de ceux qui ont fidèlement suivi le Christ, nous découvrons un nouveau motif de rechercher la Cité future (cf. Hébr. 13, 14 et 11, -10) et tout d'un coup nous apprenons la voie sûre par laquelle, au milieu de l'agitation du monde, nous pourrons, chacun selon son état de vie et sa condition particulière, arriver à l'union parfaite avec le Christ, ou, si l'on veut, à la sainteté. C'est en effet dans la vie de ceux qui, tout en partageant notre condition humaine, reflètent pourtant davantage les traits du Christ (cf. II Cor. 3, 18), que Dieu se fait présent, qu'il manifeste avec éclat son visage. en eux c'est lui-même qui nous parle et nous montre le signe de son Royaume; et c'est vers ce Royaume que, guidés par ces hommes, témoins de la vérité de l'Évangile (cf. Hébr. 12, 1), nous nous sentons puissamment attirés.

Cependant nous ne vénérons pas la mémoire des saints uniquement pour leur exemple, mais plus encore pour que l'union de toute l'Église dans l'Esprit se fortifie par la pratique de la charité fraternelle (cf. Eph. 4, 1-6). Car, de même que notre communion de chrétiens en marche vers Dieu nous rapproche davantage du Christ, ainsi la fraternité entre nous et les saints nous unit au Christ, Source et Tête, qui dispense toute grâce et la vie du Peuple même de Dieu. Il convient donc au plus haut point que nous aimions ces amis et cohéritiers de Jésus-Christ, qui sont aussi nos frères et d'éminents bienfaiteurs et que pour eux nous rendions à Dieu de dignes actions de grâces, "que nous leurs adressions des supplications et recourions à leurs prières et à leur aide puissante pour obtenir de Dieu des grâces par son Fils Jésus-Christ, qui seul est notre Rédempteur et sauveur". En effet, tout témoignage authentique d'amour que nous donnons aux saints, par sa nature tend et aboutit au Christ, qui est "la couronne de tous les saints" et par lui à Dieu, qui est admirable dans ses saints et glorifié par eux.

Mais notre union avec l'Église céleste se réalise de la manière la plus éclatante - et avant tout dans la sainte Liturgie où la vertu du Saint-Esprit agit sur nous par les signes sacramentels, - lorsque nous célébrons dans une même allégresse, les louanges de la divine majesté et que tous de quelque tribu, langue, peuple et nation que nous soyons, rachetés par le sang du Christ (cf. Apoc. 5, 9) et rassemblés en une Église unique, nous chantons d'une même voix les louanges du Dieu un et trine. Ainsi quand nous célébrons le sacrifice eucharistique, nous nous unissons très intimement au culte de l'Église céleste; réunis dans une même assemblée, nous vénérons d'abord la mémoire de la glorieuse Marie, toujours Vierge, mais aussi du bienheureux Joseph, des bienheureux apôtres et martyrs et de tous les saints.
 
 
 

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Constitution pastorale ("Gaudium et Spes") (1965)
Traduction par l'Épiscopat françaisin "Vatican II : les seize documents conciliaires", Éditions FIDES, Montréal, 1991.

[La reconnaissance du droit de tous à la culture et à sa réalisation pratique]

[...]
En conséquence, il faut tendre à donner à ceux qui en sont capables la possibilité de poursuivre des études supérieures; et de telle façon que, dans la mesure du possible, ils occupent des fonctions, jouent un rôle et rendent des services dans la vie sociale qui correspondent soit à leurs aptitudes, soit à la compétence qu'ils auront acquise. Ainsi tout homme, comme les groupes sociaux de chaque peuple, pourront atteindre leur plein épanouissement culturel, conformément à leurs dons et à leurs traditions..

Il faut en outre tout faire pour que chacun prenne conscience et du droit et du devoir qu'il a de se cultiver, non moins que de l'obligation qui lui incombe d'aider les autres à le faire. Il existe en effet, ici ou là, des conditions de vie et de travail qui contrarient les efforts des hommes vers la culture et qui en détruisent chez eux le goût. Ceci vaut à un titre spécial pour les agriculteurs et les ouvriers, auxquels il faut assurer des conditions de travail telles qu'elles ne les empêchent pas de se cultiver, mais bien plutôt les y poussent. Les femmes travaillent à présent dans presque tous les secteurs d'activité; il convient cependant qu'elles puissent pleinement jouer leur rôle selon leurs aptitudes propres. Ce sera le devoir de tous de reconnaître la participation spécifique et nécessaire des femmes à la vie culturelle et de la promouvoir.
 
 

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Décret ("Ad Gentes") (1965)
Traduction par Guy Combié et G. Blond avec la collaboration de Y. Congar in "Vatican II : les seize documents conciliaires", Éditions FIDES, Montréal, 1991.

[Raisons et nécessités de l'activité missionnaire]
 

La raison de cette activité missionnaire se tire de la volonté de Dieu qui "veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il n'y a qu'un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Jésus-Christ, qui s'est livré en rédemption pour tous" (I Tim. 2, 4-6); "et il n'existe de salut en aucun autre" (Act. 4, 12). Il faut donc que tous se convertissent au Christ connu par la prédication de l'Église, et qu'ils soient incorporés par le Baptême à Lui et à l'Église, qui est son Corps. Car le Christ lui-même, "en inculquant en termes formels la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc 16, 16; Jn 3, 5), a du même coup confirmé la nécessité de l'Église dans laquelle les hommes entrent par le baptême, comme par une porte. C'est pourquoi ces hommes ne peuvent être sauvés qui, n'ignorant pas que l'Église a été fondée comme nécessaire par Dieu, par l'intermédiaire de Jésus-Christ, n'auront cependant pas voulu y entrer ou y persévérer" [(Lumen Gentium)]. Bien que Dieu puisse par des voies connues de lui amener à la foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Héb. 11, 6), des hommes qui, sans faute de leur part, ignorent l'Évangile, la nécessité incombe cependant à l'Église (I Cor. 9, 16) - et en même temps elle en a le droit sacré - d'évangéliser, et par conséquent son activité missionnaire garde dans leur intégrité, aujourd'hui comme toujours, sa force et sa nécessité.

C'est par elle que le Corps mystique du Christ rassemble et ordonne sans cesse les forces en vue de son propre accroissement (cf. Eph. 4, 11-16). C'est pour mener à bien cette activité que les membres de l'Église sont poussés par la charité, qui leur fait aimer Dieu et leur fait désirer partager  avec tous les hommes les biens spirituels de la vie future comme ceux de la vie présente.
 
 

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Décret "de Instrumentis communicationis socialis" ("Inter Mirifica") (1963)
Traduction par l'Osservatore Romano in "Vatican II : les seize documents conciliaires", Éditions FIDES, Montréal, 1991.

Parmi les admirables inventions techniques que, Dieu aidant, le génie humain a pu extraire de l'univers créé, l'Église accueille et et suit avec une sollicitude particulière celles qui concernent avant tout l'esprit même de l'homme et qui ont ouvert des voies nouvelles pour communiquer les informations de toutes sortes, les pensées et les modes d'actions avec la plus grande facilité. [...]

Fondée par le Christ pour apporter le salut à tous les hommes et poussée de ce fait par la nécessité de leur annoncer l'Évangile, l'Église catholique estime de son devoir de prêcher le salut également au moyen des instruments de communication sociale et 'enseigner aux hommes le droit usage de ces derniers.

Ainsi l'Église revendique-t-elle pour elle-même le droit fondamental d'utiliser et de posséder ces différents genres d'instruments, dans la mesure où ils lui sont nécessaires ou utiles à l'éducation chrétienne et à l'ensemble de son œuvre au salut des âmes. aux pasteurs revient la charge d'instruire et de de diriger les fidèles de telle façon que que l'usage de ces instruments les aide lui aussi à faire leur propre salut et à contribuer au bien et au progrès de toute la famille humaine.

C'est en particulier aux laïcs qu'il appartient de féconder ces instruments d'esprit humain et chrétien, afin qu'ils puissent pleinement répondre à l'attente de la grande communauté humaine aussi bien qu'aux desseins du Créateur.
 
 

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